Comment Inezgane veut jouer dans la cour des grands
Date 11-02-2014 19:24:24 | Sujet : Actualité Agadir et région
| De projets structurants pour 1 milliard de DH Nouveaux marchés, voies de contournement, gare routière, aménagement d’une corniche… La cité, deuxième pôle commercial après Casablanca
Agroalimentaire, commerce de gros en tout genre, plaque tournante du commerce des fruits et légumes, la préfecture Comment Inezgane veut jouer dans la cour des grands Pour tous les acteurs de la ville, la ferraille est le premier point noir. Ce sont plus de 1.700 marchands en un même lieu en provenance de plusieurs régions du Royaume. Tout ce monde a accumulé en cette place une montagne de bric-à -brac à travers un dédale d’allées envahies par des milliers de boutiques en tôle d’Inezgane dans le Souss est indéniablement bien plus que la périphérie d’Agadir. Située à dix kilomètres environ de la station balnéaire, elle est considérée comme le cœur battant du Souss. Pourtant, cette localité est la plus petite des sept préfectures et provinces du Souss-Massa-Drâa en termes de superficie, avec ses 293 km², et le nombre de communes, six au total. Elle n’en est pas moins très active, que cela soit par sa population de plus de 450.000 habitants, avec une densité de près de 1.450 habitants par km², ou par son importante activité commerciale et agricole. La zone commerciale d’Inezgane est même classée deuxième après celle de Casablanca. Réputée en effet pour son activité commerciale, Inezgane compte un nombre important de grossistes et de magasins de détail. Et ce à travers plusieurs marchés et places commerciales tels que Souk Tleta (du mardi) qui aujourd’hui ouvre tous les jours, le marché municipal et le grand marché de gros. Ce dernier est la principale plateforme du commerce de fruits et légumes de tout le Maroc. Elle approvisionne aussi en la matière plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne. Au départ d’Inezgane, ce sont en effet 300 à 400 tonnes de fruits et légumes par jour qui sont exportés dans l’informel vers ces marchés par camions. Outre le commerce des fruits et légumes, Inezgane abrite de même d’autres souks pour le cuir, le bétail et les céréales, entre autres. Il n’y a rien que l’on ne puisse pas trouver à Inezgane. Du petit matin jusqu’à très tard dans la soirée, tous les jours, la ville fourmille, vit, ne s’arrête pas.
Grand départ pour la Marche verte
A travers l’histoire, la cité a joué aussi d’autres rôles. C’est de là que sont partis les premiers secours en 1960 lors du tremblement de terre d’Agadir. C’est aussi de là que le grand départ pour la Marche verte en 1975 a été donné car la localité est également connue pour abriter l’état-major militaire de toute la zone sud du Royaume. Mais aussi un des hôpitaux militaires du pays. Une infrastructure modèle dans le domaine de la Santé, dotée d’équipements à la pointe de la technologie en la matière mais aussi d’un staff médical performant. La préfecture dispose, de même, de deux aéroports dont Al Massira, principale infrastructure du genre de la région. Mais ce n’est pas tout. La zone compte sur le plan touristique trois golfs et une vieille médina qui offre à la station balnéaire d’Agadir une façade culturelle. Aujourd’hui, Inezgane veut préserver cet atout tout comme renforcer son rôle tant institutionnel qu’économique dans la région. Même si l’activité économique de la zone ne génère pas beaucoup de richesses à la commune. Selon les élus locaux, le budget annuel de la ville d’Inezgane ne dépasse pas 90 millions de DH. Et pour cause, beaucoup d’activités se développent dans l’informel et échappent au fisc. A travers les rues et dédales de la cité, nombreux commerces n’ont pas de numéro de patente. Mais tout cela est appelé à se restructurer et à changer. Derrière ce changement, de l’avis des élus comme des commerçants et Comment Inezgane veut jouer dans la cour des grands Le marché de gros de fruits et légumes d’Inezgane a un aspect très moyenâgeux. C’est pourtant de là que sont approvisionnées les villes du Maroc mais aussi l’Afrique subsaharienne même des habitants, un homme: le nouveau gouverneur de la préfecture Inezgane Aït Melloul, Abdelhamid Chennouri, en poste depuis mai 2012. La personne visiblement fait l’unanimité. Lauréat de l’Institut royal de police de Kénitra, il a fait ses débuts professionnels en tant que chef de sûreté à Inzegane. Aujourd’hui, sous sa houlette et en coordination avec les élus, la préfecture est en chantier pour se transformer.
Spéculation sur les ZI
En 2013 ce ne sont pas moins de 160 sociétés qui ont élu domicile dans la ville, porteuses d’un investissement de près de 100 millions de DH et près de 1.000 emplois. Pour accompagner ce développement, les zones industrielles d’Aït Melloul et de Tassila ont fait l’objet de mise à niveau. Si la démarche n’a pas eu véritablement l’effet escompté au niveau de Tassila, à Aït Melloul par contre le changement est visible. La zone est mieux équipée.
Créées en 1974, ces deux premières zones industrielles de la région Souss-Massa-Drâa ont drainé en plus de 40 ans beaucoup d’entreprises. Elles continuent cependant à souffrir du phénomène de la spéculation. Le taux de valorisation global aujourd’hui à Tassila et à Aït Melloul est de 79%, indique une source officielle. Pour la seule zone d’Aït Melloul, le taux de valorisation annoncé par les professionnels est de 50%. Résultat, un grand nombre de parcelles non valorisées se sont transformées en décharge pendant que les spéculateurs ne lâchent pas du lest. Ils proposent des terrains à des prix entre 1.500 et 2.000 DH le m² alors qu’à l’origine le prix moyen du mètre carré à Tassila était entre 173 DH et 467 DH. A la ZI d’Aït Melloul le prix moyen du mètre carré se situait entre 134 et 240 DH. Bien entendu, aux prix proposés par les spéculateurs, il n’y a pas d’acheteurs dans cette conjoncture difficile même si nombreux sont les investisseurs à la recherche de foncier.
Pour cette mise à niveau en cours, un montant de près d’un milliard de DH va être investi à travers de nouvelles infrastructures, de nouveaux marchés, de nouveaux centres commerciaux. Et ce, pour remplacer les actuels équipements en la matière devenus vétustes, mais aussi pour mieux structurer l’activité, de manière à renforcer la vocation de la ville. Parmi les grands chantiers, le projet d’un nouveau centre commercial baptisé Atlas, d’un coût global de 80 millions de DH. Un nouveau marché de gros pour remplacer l’existant est aussi au programme. Réalisé aujourd’hui à hauteur de 70%, il nécessitera au total une enveloppe de 120 millions de DH. Dans la liste également des chantiers, un nouveau marché municipal porté par la société Brothers centre Shop. Un dossier d’un coût de 160 millions Comment Inezgane veut jouer dans la cour des grands Pendant longtemps la ville a tourné le dos à oued Souss. Aujourd’hui, il est question d’aménager une corniche sur la berge pour le réintégrer dans l’aménagement urbanistique de la ville et en faire un atout de DH qui avait fait couler beaucoup d’encre car il était au cœur d’une affaire juridique. La Cour régionale des comptes avait relevé de nombreuses anomalies dans son exécution. Aujourd’hui, les élus avancent que tout cela est dépassé. Le chantier est à 75% d’avancement, indiquent-ils. Outre ces projets, un marché de bétail d’un coût de 7 millions de DH et des abattoirs intercommunaux sans oublier une nouvelle gare routière sont à l’étude. Le programme de mise à niveau de la préfecture consiste aussi en un renforcement des infrastructures routières de la zone. Parmi les gros chantiers sur ce plan, la voie de contournement Inezgane Aït Melloul, d’un coût de 26 millions de DH, pour décongestionner le trafic au niveau de la RN10. L’aménagement d’une corniche au niveau de l’oued Souss est aussi un projet au stade d’étude qui changera Inezgane. La ville qui a longtemps tourné le dos à l’oued va s’ouvrir à lui et le réintégrer pour en faire un lieu récréatif et un atout dans son aménagement urbanistique. Dans ce programme de mise à niveau ambitieux, le défi à relever restera assurément celui de résorber le phénomène de marchands ambulants dans la ville extrêmement lié à celui de spéculation engendré par leur recasement.
La ferraille, le point noir
Autorités locales, élus et habitants sont unanimes: la ferraille d’Inezgane est indéniablement le premier point noir de la ville. Au fil des ans, cette place au cœur de la cité a grandi et s’est peuplée de commerçants venus de plusieurs régions du Royaume. Selon leurs représentants, ils seraient plus de 1.700 aujourd’hui. Tout ce monde réunit un bric-à -brac monstre dans un véritable dédale envahi par des petites boutiques en tôle. Aujourd’hui, il est question de déplacer et recaser tous ces marchands. Une opération qui ne sera pas aisée du tout. Certains sont là depuis plusieurs décennies et refusent le changement. D’autres émettent des conditions. Pour l’heure, les autorités locales tentent la communication pour faire adhérer tous les concernés. En attendant, le lieu reste une source de recette pour la municipalité. Les 1.700 marchands versent, selon eux, chaque mois une redevance de 200 à 300 DH à la collectivité. Pourtant, sur place rien n’a été fait depuis des années.
L´Economiste
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