Le Crédit Mutuel-CIC s’empare de 25% de BMCE Bank

Date 02-04-2010 21:06:05 | Sujet : Economie

La BMCE Bank continuerait sans doute à surprendre le marché. La semaine dernière, la banque du Groupe FinanceCom, devait céder 8% de son capital à la CDG (Caisse de dépôt et de gestion) pour 3,4 milliards DH. Le même jour, la compagnie d’assurance RMA Watanya, l’autre filiale du Groupe, a acquis 8% du capital de la CGI (filiale immobilière du Groupe CDG) au prix de 3 milliards DH. Auparavant, au mois de décembre 2009, BMCE Bank a réussi une transaction stratégique avec le Groupe CDG, d’un montant de près de 9 milliards DH dans le secteur des Télécoms, pour mettre la main sur la totalité du capital de Méditelecom.

De nouveau, à l’annonce des résultats annuels du Groupe BMCE Bank, lundi 29 mars 2010, le président Othmane Benjelloun a pris de court toute l’assistance, en officialisant la montée en puissance du Groupe français Crédit Mutuel-CIC dans le capital de BMCE Bank. Le leader français de la bancassurance contrôlerait désormais 25% du capital de la 2ème banque privée du Royaume, via une augmentation de capital réservée qui rapporterait 2,7 milliards DH à la banque.
Au total, quelque 6 milliards DH tomberont dans l’escarcelle. Un apport consistant et combien indispensable en ces temps d’assèchement de liquidités sur le marché. En outre, une augmentation de capital supplémentaire de l’ordre de 3% est réservée aux salariés et libérable en deux tranches en 2010 et 2012. Par mesure de sécurité, la banque se devait de renforcer ses fonds propres.

Des «miracles…avec des chiffres imprévisibles», dira le président Benjelloun, qui se réjouit d’être «la vedette de l’actualité économique et financière du pays». Il faut dire que le point de presse, lundi dernier, à l’auditorium de la banque à Casablanca, était d’une ambiance un peu confuse. S’employant à afficher un air amusé, le président était franchement d’un tempérament rêche et susceptible. Il a donné l’ordre d’évacuer illico presto les photographes reporters, puis tout de suite, avant de reprendre son souffle, il a grondé une hôtesse, parce que la malheureuse se tenait là où elle ne devrait pas être, à quelques mètres, avec micro à la main…Chuchotement et applaudissements dans la salle. Une salle comble où les rares journalistes conviés étaient noyés dans la masse du personnel de la banque. Mais, surprise au pupitre : le son est coupé et les rideaux, prévus en cas de projection vidéo, commencèrent à se dérouler. Le mur en verre, qui sépare la salle de conférence de la salle de réception, est finalement opaque. On n’y comprenait rien ! Jusqu’au moment où le P-dg du grand groupe financier du pays redevient audible et annonce que sa banque atteint cette année un «niveau record de provisionnement», qui dépasse 1 milliard DH, soit 12 fois le montant observé en 2008, qui était limité à 89 millions DH.

Un résultat net divisé par deux

Passons. Regardons maintenant les principaux agrégats du Groupe. Sans conteste, tous les indicateurs financiers sont au vert : progression de 25% du PNB à 6,5 milliards DH, accroissement de 14,3% du résultat brut d’exploitation à 2,2 milliards DH, et amélioration de 12% du total des actifs consolidés à 168 milliards DH. Toutefois, le résultat d’exploitation fut moins brillant en comparaison avec l’année 2008, probablement impacté par l’effort de provisionnement et le coût du risque pour lequel la banque a mobilisé 1.134 millions DH au lieu de 89 millions en 2008.Ainsi, le résultat net ressort en baisse de 42,9% à 820 millions DH au lieu de 1.437 millions DH l’exercice précédent. Le résultat net part du groupe (RNPG), quant à lui, tout simplement fondu, tombant de 830 millions DH en 2008 à 385 millions à fin 2009. Une baisse de 53,7%.

Il est vrai, Le Groupe BMCE Bank a fait mieux que résister. La conjoncture économique et bancaire était plutôt défavorable, et ceci explique sans doute les performances opérationnelles quelque peu mitigées de la 2ème banque privée du Royaume. Pourtant, le Groupe BMCE Bank est parvenu, grâce à sa force de frappe et à sa capacité de mobilisation financière à améliorer son concours à l’économie. L’encours consolidé des créances à la clientèle s’apprécie de 9,2% à 93,6 milliards DH. La part de marché de la banque sur ce segment s’est effritée se fixant à 12,8% contre 13,66% à fin juin 2009.

Côté dépôts de la clientèle, malgré les pressions sur les liquidités du marché, les ressources consolidées en provenance de la clientèle augmentent de 8% à 122,5 milliards DH. La Banque de Distribution au Maroc assure, à elle seule, 78,6% des ressources du Groupe, soit 96,3 milliards DH. La part de marché en matière de collecte est en quasi stagnation à 14,56%. On notera cependant une baisse de 3,8 points à 41,4% des ressources rémunérées dans la structure des dépôts. Par rapport au marché des MRE (ou Marocains du Monde), BMCE Bank consolide son positionnement sur ce segment avec des dépôts en hausse de 6%, fixant sa part de marché à 10,3%.

Par ailleurs, l’actif financier «à la juste valeur par résultat» s’est apprécié de 37,4% à plus de 23 milliards DH, tiré essentiellement par le portefeuille «Actions», qui réussit un bond fulgurant de 44% à 14,8 milliards DH, mais aussi par la bonne tenue de son portefeuille «Bons du Trésor», qui s’est apprécié de 50,3% à 8 milliards DH.
Finalement, la banque ne va si mal. Elle continue à gagner de l’argent et à tirer le maximum de son industrie de transformation des dépôts en crédits. Pour preuve, le PNB, le produit net bancaire, s’est apprécié de 6,6% à 6,4 milliards, du fait d’une hausse de 3,2% de la marge d’intérêt à 4,3 milliards DH, et à l’accroissement de 46,2% du résultat des opérations de marché à 734,9 millions DH.

Seul point noir au tableau : le comportement boursier du titre. Au cours de ces deux dernières années, BMCE Bank n’était pas à la hauteur des attentes. Le titre n’arrêtait pas de perdre de sa valeur, piégé aussi par les «fameux» programmes de rachat qui profitaient essentiellement à la maison-mère, via le ramassage des actions au prix minimum de la fourchette. Mais là, c’est tout une autre question : comment combattre les délits d’initiés qui prennent chez nous la forme de programme de rachat ? Sinon comment et pourquoi le titre BMCE est descendu des sommets sans jamais pouvoir retrouver sa superbe. Depuis belle lurette, le titre est presque vissé à 250 DH, alors qu’il évoluait au dessus de 320 DH au début de 2008 ?

Libération



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