Maladies rhumatismales : L’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde, pathologies très handicapantes, en nette progression au Maroc
Date 20-11-2008 23:55:45 | Sujet : Santé
| L’arthrose, maladie due à une dégradation précoce et progressive de l’articulation, peut devenir très handicapante, si elle n’est pas prise en charge précocement, alerte Dr. Noufissa LAZRAK, présidente de la société marocaine de rhumatologie, à la veille de la tenue du 18ème congrès national de rhumatologie, le 22 novembre à Agadir.
De son côté, Dr. Fadoua ALLALI, Professeur de rhumatologie à la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, tire la sonnette d’alarme sur la progression de la polyarthrite rhumatoïde dans notre pays, dont on estime le nombre de personnes atteintes entre 150 000 et 200 000. Des études marocaines récentes, réalisées dans l’hôpital El Ayachi, établissement spécialisé du centre hospitalier universitaire Ibn Sina (CHIS), montrent les spécificités et l’ampleur de ces deux principales pathologies rhumatismales dans le contexte marocain. L’arthrose caractérisée par une usure du cartilage articulaire, provoque une véritable panne de tous les composants de l’articulation. La fréquence de cette maladie augmente avec l’âge. Elle touche plus d’une personne sur 3 au-delà de 65 ans. Il n’existe pas une arthrose mais des arthroses : du genou, de la main ou de la hanche. D’autres articulations, comme celles de l’épaule, du coude et de la cheville, sont moins souvent atteintes. Au niveau du genou et de la hanche, l’arthrose se caractérise par une douleur au niveau articulaire augmentée par la mise en mouvement et la douleur peut être plus intense le soir et le lendemain. Souvent l’articulation prend aussi du volume. Au niveau de l’arthrose des doigts, celle-ci se caractérise par une douleur lors de tâches avec les doigts (par ex. dévisser un flacon,...). Il faut noter que l’arthrose est une maladie qui évolue par poussée sur de nombreuses années.
Il n’existe pas de réelle large étude épidémiologique au Maroc, cependant, une étude sur 300 malades menées à l’hôpital El Ayachi a montré la sévérité de l’arthrose du genou dans notre contexte, indique Dr. Noufissa LAZRAK, présidente de la société marocaine de rhumatologie. Cette maladie est intimement liée au surpoids et cette étude marocaine démontre la fréquence du surpoids et de l’obésité chez les marocaines atteintes de cette maladie.
Mais, le message clé, que tient à véhiculer le comité scientifique de la société marocaine de rhumatologie (SMR), crie haut et fort, sa présidente, Dr.Noufissa LAZRAK, est la disponibilité de guidelines marocains, validés et codifiés pour la prise en charge de cette maladie et qui sont inspirés des recommandations de la ligue européenne contre le rhumatisme.
Elaboration de protocoles thérapeutiques nationaux de référence Le 18ème congrès national d’Agadir, sera l’occasion pour braquer les projecteurs sur les protocoles thérapeutiques marocains, qui constitueront des références sur lesquelles va se baser l’Agence Nationale de l’Assurance Maladie (ANAM), pour les remboursements. Il faut agir vite, car l’arthrose peut être une maladie extrêmement handicapante, avise Dr Lazrak. Et elle reste malheureusement globalement marginalisée par les structures de remboursement dans notre pays, note Pr ALLALI.
Qu’en est-il de la polyarthrite rhumatoïde au Maroc, qui est également une maladie inflammatoire chronique des articulations ? C’est le plus fréquent des rhumatismes inflammatoires chroniques. Sa fréquence est estimée de 0,5 à 1 % de la population soit environ 150 000 à 200 000 malades au Maroc, indique Dr Noufissa LAZRAK. Cette maladie prédomine chez la femme et débute en occident vers 50 ans. Le début dans notre pays est plus précoce, elle commencerait 10 ans plus tôt. Des travaux nationaux ont montré la sévérité de la PR au Maroc d’autant plus si les conditions socioéconomiques du patient sont défavorables. Cette maladie entraîne une déformation et une destruction des articulations avec l’installation progressive d’un handicap de plus en plus sévère pouvant rendre à la longue le malade complètement grabataire. A côté de ce retentissement majeur sur la qualité de vie (socio-familiale et professionnelle), il existe aussi une diminution globale de l’espérance de vie puisque les gens atteints de polyarthrite vivent en moyenne 10 à 15 ans moins que la population générale.
La prise en charge doit se faire en milieu spécialisé rhumatologique, précise Pr. Allali. Le traitement de cette maladie a été complètement transformé cette dernière décennie avec l’apparition de nouveaux traitements dits traitements biologiques ou biothérapies. Ces médicaments surtout s’ils sont prescrits au début sont capables de stopper l’évolution de la maladie. Malheureusement, ces traitements coûtent très cher (entre 60 000 et 200 000 dirhams par an). Cette maladie rentre dans le cadre des affections longues durées.
Cependant, seul un patient sur 5 au Maroc bénéficie d’une couverture pouvant lui rendre accessible une prise en charge de pointe. Actuellement, sous la coordination de l’équipe de rhumatologues de l’hôpital El Ayachi du CHIS, sous l’égide de la Faculté de Médecine de Rabat et de l’université Mohamed V Souissi et avec la collaboration de l’équipe de rhumatologie de l’hôpital Cochin Paris et de l’INSERM France, une vaste étude nationale multicentrique recrute les polyarthrites toutes récentes. Cette étude va suivre le devenir des malades et essayer de cerner les caractéristiques et le parcours de ces malades rhumatisants marocains. Ses résultats seront intéressants pour définir objectivement le profil de la PR au Maroc, précise Pr. Fadoua ALLALI, membre du comité scientifique de La SMR (Société Marocaine de Rhumatologie). Cette dernière a mené plusieurs campagnes de sensibilisation dont le but essentiel est de prendre en charge précocement les patients en milieu rhumatologique spécialisé afin de leur donner le maximum de chances de ne pas évoluer sévèrement. Il faut préciser par ailleurs, que les infiltrations de la main, la viscosupplémentation, particularités de la spondylarthrite ankylosante (SPA) dans les pays en voie de développement, les recommandations les plus récentes dans la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde et les possibilités offertes pour optimiser les thérapeutiques modernes disponibles en matière d’ostéoporose, constituent les principales autres thématiques, qui seront développées, lors de cette 18ème édition de formation médicale continue de rhumatologie.
Dr. Mohammed RHZOINI L'Opinion
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