Nucléaire : ElBaradei tente d'obtenir à Téhéran la coopération de l'Iran

Date 13-01-2008 11:12:38 | Sujet : Actualité Mondiale

Le directeur général de l'AIEA Mohamed ElBaradei a rencontré samedi à Téhéran les dirigeants iraniens dont le guide suprême Ali Khamenei pour les presser d'éclairer les zones d'ombre du programme nucléaire iranien controversé.

M. ElBaradei avait engagé après son arrivée la veille en Iran le chef du programme nucléaire iranien, Gholamreza Aghazadeh, à accélérer sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'agence de l'ONU qui veille à empêcher un basculement du nucléaire civil au militaire.
Après ses rencontres samedi avec le principal négociateur iranien sur le dossier nucléaire, Saïd Jalili, puis le président Mahmoud Ahmadinejad, le chef de l'AIEA a été reçu par l'ayatollah Khamenei, qui a la haute main sur les affaires du pays notamment le dossier nucléaire.

"Le renforcement de l'attitude professionnelle, non partisane et apolitique de l'AIEA, renforce le crédit de l'agence", a dit M. Jalili à M. ElBaradei. Quant à M. Ahmadinejad, il a espéré "que l'AIEA pourra agir de manière juste et sur des bases légales sans être influencée par la pression des grandes puissances".

Celles-ci, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne, exigent de Téhéran qu'il coopère pleinement avec l'AIEA et suspende son enrichissement d'uranium.

A défaut, elles ont averti qu'elles chercheraient à obtenir de nouvelles sanctions de l'ONU contre Téhéran. L'enrichissement d'uranium permet d'obtenir aussi bien le combustible pour une centrale nucléaire que la matière première d'une bombe atomique.

La visite de M. ElBaradei, sa sixième depuis 2003, intervient sur fond de tension renouvelée entre l'Iran et les Etats-Unis après un contrôle maritime controversé de bâtiments de guerre américains par des vedettes iraniennes dans le Golfe le 6 janvier.

Le président américain George W. Bush, actuellement en tournée dans le Golfe, n'a cessé de souligner l'existence d'une "menace iranienne". Samedi, le conseiller politique auprès du ministère israélien de la Défense Ehud Barak, Amos Gilad, a indiqué que son pays s'était efforcé, lors de la visite de M. Bush en Israël, de le convaincre qu'il ne faisait aucun doute que l'Iran cherchait à acquérir l'arme nucléaire.

Vendredi après ses entretiens avec M. Aghazadeh, M. ElBaradei a pressé Téhéran d'accélerer sa coopération avec l'AIEA "pour clarifier toutes les questions en suspens" et de faire preuve d'un "maximum de transparence".

Il a évoqué des "échanges de vues amicaux et francs" avec M. Aghazadeh. Ce qui souligne, en langage diplomatique, la persistance des désaccords. L'Iran s'était engagé en août 2007 à apporter toutes les réponses nécessaires à l'AIEA avant la fin de cette même année.

Mais M. ElBaradei a laissé entendre que beaucoup de travail restait à accomplir à cet égard, afin de présenter ses conclusions dans son prochain rapport en mars devant le Conseil des gouverneurs de l'agence. L'AIEA attend des réponses sur plusieurs aspects du programme nucléaire iranien afin de pouvoir certifier le cas échéant que celui-ci a bien un objectif exclusivement pacifique, comme le soutient l'Iran.

Téhéran estime sa position renforcée par un rapport des renseignements américains en décembre selon lequel l'Iran a bien poursuivi un programme nucléaire militaire, -ce que l'Iran a démenti-, mais l'a suspendu en 2003. L'Iran dit attendre que le Conseil de sécurité se dessaisisse du dossier pour qu'il "revienne devant l'AIEA après le rapport de mars".

Une telle issue semble peu probable, même si Téhéran fournissait toutes les réponses qu'attend l'AIEA, ce dont doutent de nombreux diplomates occidentaux.

AFP



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