Economie: Fruits et légumes : Pourquoi les prix flambent

Posté par: Visiteursur 19-02-2009 20:57:53 1708 lectures · Hausse sans précédent de tous les produits frais
· Grand écart de prix entre le gros et le détail
· Pourtant le niveau d’approvisionnement est normal


Dure, dure la vie! s’exclame cette ménagère qui inspectait le rayon des fruits et légumes dans une grande surface sans toutefois se décider à faire ses emplettes. «La flambée des prix est quasiment généralisée à tous les produits», renchérit une autre. Et aucune place de commercialisation n’a été épargnée par la hausse y compris les souks des quartiers populaires. Même si dans ces marchés la qualité des produits s’avère relativement moyenne à faible.


Qu’on en juge par les chiffres. Mis à part les tomates qui sont négociées entre 2,50 et 3,50 DH/kg, tous les autres produits maraîchers ont de loin franchi la barre des 6 DH/kg, voire plus. Les pommes de terre atteignent jusqu’à 9 DH/kg pour les variétés Nicolas et Diamant lorsqu’elles sont lavées. Les prix des mêmes variétés chutent à 6 DH/kg s’agissant de légumes non lavés tout comme de petits calibres. Relevés sur le marché du quartier du Mâarif, ces niveaux de prix recouvrent un différentiel de l’ordre de 2,30 à 4 DH/kg en comparaison avec le marché de gros. L’écart se creuse davantage pour ce qui est des tomates.
Sur le marché de gros de Casablanca, les prix de ces fruits ont variés hier entre 1 et 2 DH/kg alors qu’ils se situaient le jour même entre 0,80 et 1,15 DH/kg sur le marché d’Inezgane, dans la région du Souss. Sorties de la station de conditionnement Salmia à Casablanca, les tomates et pommes de terre (lavées) ont été vendues respectivement à 1,10 et 2,50 DH/kg. La même station a cédé l’haricot plat à 0,20 DH/kg alors qu’il est proposé à 10 DH le kilo dans les grandes surfaces. A noter que cette variété est peu consommée par les ménages. A part l’exportation, sa destination principale demeure la restauration hôtelière. A Inezgane, marché de proximité de la station balnéaire d’Agadir ses prix varient entre 6 et 8 DH/kg. Sur cette place, les transactions se réalisent directement entre producteurs, grossistes et détaillants. Et c’est le tout-venant qui est de mise. Autrement dit, la qualité des produits est de loin supérieure à celles des écarts de triage dégagés par les stations de conditionnement. Poivron, courgette et concombre ont été cédés mardi entre 2,20 et 2,70 DH/kg. Cette fourchette est à augmenter de 25% pour le marché de gros de Casablanca et de 150% pour ce qui est du commerce du détail. Les oignons cédés, stade gros, entre 5 et 5,50 DH/kg sont revendus à 8, voire 10 DH/kg. Les prix des carottes et navets, toutes variétés confondues, passent aussi du simple au double. «A tel point que le couscous aux sept légumes est devenu un luxe», commente une ménagère. Les fruits ne sont pas en reste. La navel est revendue à 7 DH/kg, les pommes délicieuses entre 25 et 30 et les bananes à pas moins de 12 DH alors que les prix de gros se situent respectivement à 4, 17 et 5,50 DH/kg.
Pourquoi cette cherté et pourquoi il y a tant d’écart entre les prix de gros et le détail? S’interrogent les consommateurs, surtout que la production ne souffre d’aucun déficit à l’exception de la pomme de terre. Le froid, l’accès difficile aux champs suite à la pluviométrie abondante, le renchérissement des frais du transport et de la main- d’œuvre, autant de facteurs pour expliquer la flambée. Sans oublier, bien évidemment, l’intervention de l’armada des intermédiaires. Celle-ci agit à tous les niveaux des circuits de la commercialisation. Téléphone mobile aidant, elle parvient à faire et à imposer le prix qui lui convient. Ceci quel que soit le niveau d’approvisionnement du marché. Conséquence, seuls les producteur et consommateur font les frais de ces agissements. Et la tendance haussière actuelle ne touche pas seulement les fruits et légumes. Elle est quasi généralisée à tous les autres produits alimentaires.

7 millions de tonnes


Le secteur des fruits et légumes occupe une superficie de près de 700.000 ha dont 460.000 ha de plantations fruitières (non compris l’olivier) et 240.000 ha de cultures maraîchères. En moyenne, la production globale est de l’ordre de 7 millions de tonnes dont près de 3 millions de fruits et 4 millions de légumes. Ce secteur se caractérise par une grande diversité des espèces. Elles sont regroupées en plusieurs sous-secteurs, dont les principaux sont les suivants: les agrumes, l’amandier, les rosacées fruitières, la vigne, le palmier dattier, le bananier et les cultures maraîchères.
Les cultures de primeurs (hors saison) constituent un des piliers de ce secteur et occupent une des premières places dans nos exportations. Avec une superficie moyenne de 30.000 ha, les primeurs assurent une production totale de près de 1,5 million de tonnes dont 580.000 tonnes exportées.

A. G.
L'Ă©conomiste